Donjons et Dragons – Kids – Session 14 – L’Énigme des Gobelins

Donjons et Dragons – Kids – Session 14 – L’Énigme des Gobelins

Les jours passèrent après la chute de Cryovain, et Phandaline semblait peu à peu retrouver un semblant de quiétude. Mais cette paix était fragile, et des tensions grondantes parcouraient les ruelles du village. Ce matin-là, alors que le soleil se levait à peine au-dessus des toits de chaume, les quatre aventuriers—Eminos, Legrolas, Dragonos et Avarielle—se retrouvèrent au centre du village, attirés par le tumulte des voix et la tension palpable dans l’air.

Les villageois étaient rassemblés en une foule dense et en colère devant le hall du bourgmestre Harbin Wester. La colère se lisait sur les visages, et certains des habitants montraient même des signes de blessures, des égratignures et des bandages de fortune enroulés autour de leurs membres. Des cris de protestation fusaient. Un elfe, visiblement excédé, brandissait une miche de pain en l’air, proclamant haut et fort que s’il voyait un “minus” s’approcher encore de sa boulangerie, il le tuerait. Un artisan humain, la mâchoire serrée, avertissait que plus personne ne devait jouer dehors après le coucher du soleil. Enfin, un halfelin, reconnaissable parmi la foule par sa petite taille, pestait contre les incidents survenus à la taverne « La Sieste du Géant », clamant que les fauteurs de troubles actuels étaient pires que les Fers Rouges que les aventuriers avaient chassés.

Les aventuriers, sentant que la situation risquait de dégénérer, s’avancèrent prudemment vers le hall. Dès qu’Harbin Wester les aperçut, il se hâta de les faire entrer, jetant des regards nerveux à la foule qui continuait de vociférer à l’extérieur. Une fois à l’intérieur, Harbin referma la porte derrière eux, le front perlé de sueur.

— « Phandaline a besoin de vous, plus que jamais, » déclara-t-il d’une voix tendue. « Ces incidents… Ils se multiplient. Et je ne sais pas combien de temps encore les villageois garderont leur calme. »

Il leur expliqua qu’une série de méfaits avaient frappé le village et que les coupables semblaient être de petites créatures, mais il n’avait jamais réussi à en apercevoir lui-même. Il énuméra les lieux ayant été touchés : la Bourse des Mineurs avait été cambriolée, et une pierre angulaire essentielle avait disparu ; les Provisions de Barthen avaient subi du vandalisme, un treuil de puits ayant été détruit par ce qui semblait être des gobelins ; le Sanctuaire de la Chance, un lieu sacré, avait été profané, et des fidèles s’y trouvaient encore piégés sous les décombres ; enfin, la taverne « La Sieste du Géant » avait été saccagée.

— « Je vous en prie, enquêtez sur ces lieux. Chaque jour, la situation empire, et je crains que Phandaline ne sombre dans le chaos si rien n’est fait rapidement. »

Les aventuriers acceptèrent la mission, conscients de la gravité de la situation. Ils décidèrent de se rendre en premier au Sanctuaire de la Chance, un lieu sacré dédié à Tymora, la déesse de la chance. À leur arrivée, ils virent deux femmes en train de soulever des pierres. Le sanctuaire avait été dévasté, des gravats recouvrant le sol et des morceaux de la structure s’étaient effondrés.

Avarielle, les mains serrées autour de son symbole sacré, s’approcha des femmes pour leur offrir son aide. Eminos et Legrolas, quant à eux, scrutèrent la scène avec attention. Parmi les décombres, ils trouvèrent une pioche de mineur cassée, des traces de pas qui s’éloignaient vers une rue voisine, et un éclat de métal brillant coincé dans le mur du bâtiment adjacent.

— « C’est du fer, » déclara Legrolas en observant de plus près. « Mais c’est bizarrement placé… »

Dragonos, curieux, essaya de dégager l’objet, mais en vain. Il réalisa alors qu’il s’agissait d’une hache naine incrustée profondément dans la pierre. Alors qu’ils tentaient de la déloger, un passant s’arrêta et se moqua de leurs efforts, secouant la tête avec un rictus amusé. Eminos se redressa, jetant un regard perçant au moqueur, mais décida de ne pas relever la provocation.

Pendant ce temps, Avarielle aidait les deux femmes. Elle reconnut sœur Garaele, la prêtresse du sanctuaire, et une enfant du nom de Tamara, qui semblait terrifiée mais déterminée à aider.

— « Que s’est-il passé ici ? » demanda Avarielle en soulevant une pierre avec Dragonos.

Sœur Garaele, visiblement épuisée, secoua la tête. « Je n’étais pas là lorsque l’attaque a eu lieu. Mais Tamara… elle a vu quelque chose. »

La petite fille, hésitante, prit la parole. « J’ai vu trois silhouettes… Elles étaient petites, trapues, et portaient des capuches. Leur voix était étrange, criarde. Elles parlaient dans une langue que je ne comprenais pas. »

— « Des gobelinoïdes, » murmura Eminos en se tournant vers ses compagnons. « Les traces correspondent. »

Tamara hocha la tête avec assurance. « Elles ont volé une pierre noire, celle de la clé de voûte. Je les ai vues partir avec. »

Les aventuriers échangèrent un regard grave. La pierre noire mentionnée par Tamara n’était pas n’importe quelle pierre. Elle faisait partie intégrante de l’architecture du sanctuaire, servant de pierre angulaire. Son vol pouvait avoir des implications sérieuses, surtout si elle était utilisée à des fins malveillantes.

Après avoir aidé sœur Garaele et Tamara à dégager les derniers décombres, les aventuriers décidèrent de suivre les traces laissées par les créatures. Ils menèrent leur enquête dans les ruelles voisines, espérant trouver un indice supplémentaire.

Les quatre aventuriers, après avoir aidé au déblaiement du Sanctuaire de la Chance, se dirigèrent ensuite vers les Provisions de Barthen. Ils y trouvèrent le puits détruit, ses mécanismes arrachés et ses pierres brisées. La scène était chaotique, mais étrangement, les réserves de marchandises semblaient intouchées.

Eminos, en tête du groupe, chercha des indices, fouillant le sol à la recherche de traces ou de signes qui auraient pu indiquer la direction des coupables. Cependant, il ne trouva rien de concluant. Tandis qu’il explorait les lieux, il entendit des grognements émanant du puits. Prêt à tirer son arme, il se tourna brusquement, mais c’est un halfelin du nom d’Ander qui fit son apparition.

— « Vous cherchez les coupables ? » demanda Ander en s’approchant des aventuriers. « J’ai entendu une conversation, juste avant qu’ils ne disparaissent. L’un d’eux a dit : “Vite, on se replie à l’Escale”. »

Intrigués, les aventuriers l’encouragèrent à en dire plus. Ander expliqua qu’il n’avait pas vu clairement les individus, mais il se souvenait de détails frappants. 

— « Ils ont de grosses têtes, des mains qui brillent d’une lueur étrange, comme si elles étaient enveloppées de magie. Je ne les ai vus qu’un bref instant, mais je suis certain que c’étaient des gobelins. »

Avarielle, pensive, hocha la tête. « Des gobelins ? Ils agissent de plus en plus étrangement. Ils semblent organisés. »

Ander continua : « Ils sont venus au coucher du soleil. Depuis l’attaque, le puits est presque à sec. Ils ont fui en empruntant le puits. C’est un mystère qu’ils n’aient pas touché aux provisions. »

— « C’est étrange en effet, » intervint Dragonos, les sourcils froncés. « Peut-être que ce n’est pas le but de leurs attaques. »

Ander ajouta enfin, « Lorsque je puise de l’eau du puits, je fais d’horribles cauchemars. Il y a quelque chose qui ne va pas là-dedans. »

Dragonos, curieux de découvrir la source de cette perturbation, se proposa de descendre dans le puits. Attaché à une corde, il se glissa prudemment dans l’ouverture étroite. L’air devenait plus froid et plus humide à mesure qu’il descendait, et une odeur fétide montait des profondeurs. Lorsqu’il atteignit le fond, il découvrit qu’une grotte souterraine s’étendait sous le puits, creusée par le passage d’une rivière. Il y découvrit une créature massive à trois pattes, dormant sur un tas de détritus. Il reconnut immédiatement l’animal : un Otyugh, une créature répugnante qui se nourrissait de charognes et d’ordures.

Il informa ses compagnons de ce qu’il avait découvert. Ensemble, ils décidèrent de descendre dans la grotte. Une fois en bas, l’odeur nauséabonde et l’atmosphère oppressante de la caverne les frappèrent. Ils se mirent en marche en direction de la créature que Dragonos avait repérée.

À leur approche, l’Otyugh se réveilla, poussant un cri guttural qui résonna à travers les parois de la grotte. Avant même que le groupe ne puisse réagir, un deuxième Otyugh apparut derrière eux, surgissant d’un amas d’ordures. Le combat s’engagea rapidement, et la caverne fut bientôt le théâtre d’une bataille féroce.

Dragonos invoqua deux loups sanguinaires, leurs hurlements emplissant l’air, tandis que Legrolas se glissait dans l’ombre pour frapper ses ennemis de manière sournoise. Avarielle brandit son symbole sacré, appelant la lumière de Tymora pour protéger le groupe. Eminos, avec sa rapidité habituelle, déclencha coup après coup.

Les Otyughs, malgré leur taille imposante et leur résistance, ne purent résister aux assauts répétés des aventuriers. Dragonos, en forme humaine, chargea un Otyugh avec ses loups, déchiquetant sa peau épaisse. Legrolas, dissimulé dans l’ombre, planta sa lame dans le dos de l’autre, visant ses points faibles. Avarielle incanta des sorts de guérison et de protection pour ses compagnons, tandis qu’Eminos frappait sans relâche, chaque coup atteignant sa cible avec une précision chirurgicale.

Le combat fut long et éprouvant, les créatures se débattant avec férocité. Les coups des aventuriers semblaient les ralentir, mais pas les arrêter complètement. Finalement, après un dernier assaut combiné, les deux Otyughs furent terrassés. Le silence retomba, seulement interrompu par le goutte-à-goutte de l’eau de la rivière souterraine.

Les aventuriers, épuisés mais victorieux, décidèrent de nettoyer les éboulis bloquant le courant de la rivière. À force de creuser et de déblayer, ils parvinrent à rétablir le flux de l’eau, espérant ainsi redonner vie au puits de la surface. Leur tâche accomplie, ils suivirent la rivière souterraine, marchant pendant une trentaine de minutes avant de déboucher en pleine forêt.

À leur sortie, ils trouvèrent des traces de pas, semblables à celles qu’ils avaient observées précédemment. Cependant, après quelques mètres, les traces s’évanouirent, comme si les créatures avaient su les brouiller. Frustrés mais résolus, ils décidèrent de retourner à Phandaline pour continuer leur enquête.

De retour au village, ils se rendirent à la taverne « La Sieste du Géant ». L’ambiance y était calme, un contraste frappant avec l’animation habituelle. Ils furent accueillis par un tieffelin du nom de Roue de la Fortune, le serveur.

— « Vous voilà ! » s’exclama-t-il en les voyant entrer. « Des silhouettes ont attaqué la taverne, détruit le comptoir et pillé les cuisines. Ils avaient des oreilles plates, des crocs, et étaient armés. Des gobelins, sans aucun doute. »

Il les informa également qu’une grosse pierre noire, incrustée dans le comptoir, avait été volée. — « Cette pierre… Quand les gens posaient leur choppe de bière dessus, ils se plaignaient de maux de tête. »

L’équipe fouilla la taverne. Par la cheminée, Legrolas aperçut des mouvements. Des gobelins étaient perchés sur le toit.

— « Ils sont là-haut, » murmura-t-il. « Allons voir de plus près. »

Les aventuriers sortirent et, avec agilité, grimpèrent sur le toit. Là, ils trouvèrent des gobelins différents de ceux qu’ils avaient affrontés par le passé : leurs mains brillaient d’une lumière magique, et l’une des gobelines brandissait une lame étincelante.

Le combat s’engagea, et ce fut un véritable chaos. Dragonos bouscula un gobelin, le faisant tomber du toit. Mais le Kador psi-gobelin, chef de la troupe, attaqua Dragonos avec une force mentale dévastatrice. La riposte fut immédiate. Dragonos projeta un autre gobelin dans le vide, tandis qu’Eminos, en un coup précis, parvint à abattre le Kador. Mais la créature, dans un ultime souffle, infligea des dégâts psychiques à ceux qui l’entoure, les faisant grimacer de douleur.

Alors qu’ils pensaient en avoir fini, trois autres gobelins arrivèrent, dont un cogneur psi-gobelin, plus imposant que les autres. Dragonos se transforma en un majestueux tigre à dents de sabre, bondissant d’un côté à l’autre du toit. Avarielle invoqua les forces divines des esprits gardiens, protégeant ses compagnons tout en repoussant les gobelins.

Le combat se transforma en une véritable mêlée furieuse, chaque aventurier luttant avec l’énergie du désespoir. Ils se battaient comme une meute enragée, chaque coup porté avec une précision mortelle. Enfin, après un affrontement acharné, ils parvinrent à éliminer les créatures.

À la fin du combat, les aventuriers comprirent que ces gobelins n’étaient pas ordinaires. À leur mort, ils provoquaient des dégâts psychiques. En fouillant les cadavres, ils découvrirent un vieux parchemin contenant la recette populaire de la taverne. En reconnaissance, ils la remirent à Grista, la tavernière naine, qui les remercia en leur offrant un repas chaud.

Alors qu’ils se reposaient, une autre naine les interpella. Elle se présenta sous le nom d’Alba Cantefilon. Elle leur expliqua qu’elle connaissait bien les gobelins en général et partagea son savoir : d’après elle, les gobelins qu’ils avaient affrontés étaient sous l’effet d’un « Roc Sombre », une pierre mystérieuse aux propriétés étranges.

— « Sur le comptoir, il y avait une inscription. “Zorz a fé ça !” » expliqua-t-elle. « Zorz… cela fait sûrement référence à un ancien site nain, Zorzula. Un lieu autrefois occupé par des Duergars. »

Avec cette nouvelle piste en tête, les aventuriers se rendirent ensuite à la Bourse des Mineurs, où ils rencontrèrent Alia Thornton. Elle ne comprenait pas pourquoi les gobelins avaient volé la pierre noire angulaire, mais elle indiqua que les créatures étaient parties en direction des bois au sud de Phandaline.

Après avoir aidé les nains à stabiliser le bâtiment, Alia les remercia de leur aide. Les aventuriers, déterminés à élucider ce mystère, prirent un repos bien mérité avant de se préparer pour leur prochaine destination : l’Escale de Zorzula.